Les premières traces de l’existence de l’étang Fouget apparaissent dans les archives communales en fin du moyen-âge. Des moines endiguent une zone marécageuse pour créer un étang destiné à la production de poissons. Par la suite, toutes les ressources du milieu sont alors utilisées : les carex servent au paillage des chaises, les branches des saules sont régulièrement coupées afin de fournir du fourrage et une litière au bétail. Des sangsues médicinales y sont élevées. En 1529, un moulin à eau est construit au niveau de l’exutoire sud de l'étang. Plus récemment – à la deuxième moitié du XX siècle, cet étang était utilisé pour les pratiques de pêche et de chasse de loisir par des notables de Macon. Ce plan d’eau était aussi utilisé pour le stockage de poissons issus de vidanges d’étangs de Bresse ou de la Dombes.
Bien qu’ anthropique, cet étang constitue un milieu « naturel » utile et primordial pour la conservation des espèces sauvages, en raison de la disparition des marais et des havres de vie qu’ils composent. Il sera donc concerné par la création d’une réserve naturelle nationale en 1980. Cette réserve naturelle a pour objet de protèger, gérer et faire découvrir des milieux naturels remarquables - comme la tourbière et des dunes de sables toutes proches de l’étang et qui sont des milieux naturels plus anciens encore (5 à 8 000 ans).
Aujourd’hui, l'étang Fouget présente une mosaïque de milieux humides qui assurent les conditions de survie primordiales pour de nombreuses espèces floristiques et faunistiques. Les milieux naturels en place illustrent l’évolution classique d’un étang : • une vaste zone d'eau libre : celle-ci a été recreusée en 1994. ; • un marais à touradons de carex parcouru de nombreux canaux ; • des pourtours colonisés par les Saules et les Aulnes glutineux. Transect Sud Nord : répartition théorique des milieux naturels aquatiques de l’étang Fouget.
Sud---------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Nord
Berge, Zone d’eau libre, Herbier à Trèfle d’eau et Cariçaie, mégaphorbiaie, Saulaie Aulnaie Frênaie
Evolution théorique de la végétation dans le temps et selon l’influence de la profondeur La légère acidité du sol permet le développement d'espèces végétales remarquables comme le Trèfle d'eau Menyanthes trifoliata, l'Hottonie des marais Hottonia palusris, le Peucédan des marais Peucedanum palustre, l’Ecuelle d’eau Hydrocotyle vulgaris. Hottonie des marais Ecuelle d’eau Trèfle d’eau
Le profil des berges en pente douce contribue au développement de ceintures de végétation et favorise les conditions de vie pour la petite faune des zones humides : insectes, poissons, amphibiens, reptiles, mammifères… Cette richesse se traduit lors des inventaires ; celui des libellules révèle la présence de 42 espèces sur l’étang et le réseau de petites zones humides du site, soit 62% des espèces de Bourgogne sur ce site de moins de vingt hectares ! L’étang offre le gîte et le couvert à de nombreuses espèces protégées : hérons, rapaces, canards, fauvettes… Les fauvettes aquatiques (Rousseroles, Phragmites et Locustelles) réinvestissent le marais au sortir de l’hiver pour leur reproduction. Le Fuligule milouin et la Bécassine des marais y nichent régulièrement ces dernière années. Situé sur une des principales voies de migration, cet étang constitue aussi une étape pour les migrateurs et hivernants. Sur les 50 espèces d’oiseaux à forte valeur patrimoniale recensées sur la réserve naturelle, 29 sont inféodées aux marais comme ceux de l’étang, comme le rare Butor étoilé qui hiverne de temps à autres sur le marais.
La diversité floristique des berges en pente douce : Saules, Menthe aquatique, Carex elata, Lysimaque commune, Flambe d’eau…
Texte et photo : S PETIT / Conservatoire d’Espaces Naturels de Bourgogne